Le décès de l’opposant Anicet Ekane en détention crée une onde de choc

Anicet Ekane, opposant camerounais et président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et de la démocratie (MANIDEM) mort en détention (photo d'illustration/camer.be)

 

L’annonce de son décès le matin du 1er décembre 2025, à la prison centrale de Yaoundé, provoque une vive consternation dans le pays. Des réactions ne cessent de se multiplier pour déplorer cette figure de la politique camerounaise, connue pour le nationalisme, le multipartisme et la démocratie.

 

« Anicet Ekane est un visage emblématique de longue date de la lutte pour la libération. On connaît son attachement au parti de l’Union des populations du Cameroun (UPC). C’est un visage qui a marqué les luttes des années 90…(…)… Aujourd’hui, en 2025, il n’a brillé que pour ça pour son soutien au candidat Issa Tchiroma Bakary et par ses positions claires contre le régime en place. Donc ce n’est un secret pour personne que c’était un dissident. C’est un opposant politique affirmé, convaincu qu’il fallait combattre le régime en place. C’est ce qu’il représente et c’est ce qu’il sera », a déclaré Cyrille Rolande Benchon, directrice exécutive de l’ONG Nouveaux Droits de l’homme.

 

Et d’ajouter: « C’est une obligation pour celui qui détient une personne de prendre des dispositions nécessaires pour que celui-ci ne meure en détention ».

 

Parmi les réactions enregistrées, il y a aussi celle de Me Alice Nkom, la porte-parole du candidat malheureux Issa Tchiroma, en exil aujourd’hui pour avoir revendiqué la victoire à l’élection présidentielle d’octobre 2025.

 

L’avocate dit avoir appris la nouvelle « avec une profonde émotion dans un contexte politique de lutte contre un régime autoritaire et totalitaire, marqué par des actes d’une brutalité barbare ».

 

« Le décès de mon frère de combat, Anicet Ekane, est une tragédie immense pour le pays », a-t-elle écrit sur la toile.

 

Enquête indépendante et crédible 

Pour la première femme avocate du Cameroun, « l’opposant disparu était bien plus qu’un leader politique. C’était un homme vrai. Un être profondément humain. Un de ces hommes qui incarnent l’intégrité, la loyauté et le courage. Tout ce qui manque si cruellement à ce pays. »

 

Alors que le gouvernement a annoncé une enquête pour élucider les circonstances de son décès, d’autres réactions convergent sur la nécessité d’une procédure « indépendante », « crédible » et « transparente » afin de rassurer l’opinion tant nationale qu’internationale.

 

La délégation de l’Union européenne au Cameroun et pour la Guinée équatoriale, a pour sa part, rappelé « la nécessité de garantir la sécurité et l’intégrité physique » de tous les acteurs politiques.

 

Il faut noter que visiblement, le décès de l’opposant relance donc le débat sur la question des conditions de détention et sur la prise en charge médicale des prisonniers au Cameroun.

 

Pour mémoire, la disparition du président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et de la démocratie (MANIDEM), 73 ans intervient alors qu’il était en détention pour des troubles post-électorales en octobre 2025.

 

Privé de ses équipements médicaux pendant plus d’un mois, ces derniers lui ont été restitués 3 jours seulement avant sa mort, a-t-on appris de sources fiables.

Arnaud Kabeya 

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