Hermann Mbaki: « Plaidoyer pour une gestion moderne des parkings urbains à Kinshasa »

« Plaidoyer pour une gestion moderne des parkings urbains à Kinshasa » par Hermann Mbaki.
À l’attention de Monsieur le Gouverneur de la ville de Kinshasa, son Excellence Daniel BUMBA
Monsieur le Gouverneur,
Permettez-moi, avant toute chose, de vous adresser mes sincères félicitations pour les grands travaux entrepris dans notre capitale, notamment la réhabilitation et la construction de plusieurs routes principales et secondaires. Peu d’hommes avant vous ont marqué de leur empreinte la Ville de Kinshasa à un tel niveau.
Votre action traduit fidèlement la vision et la volonté du Chef de l’État en matière de développement urbain et d’amélioration du cadre de vie des citoyens.
C’est dans cette même dynamique que je souhaite attirer votre attention sur la question cruciale des parkings publics à Kinshasa.

I. Un enjeu stratégique pour la ville
La gestion efficace des parkings urbains constitue aujourd’hui un enjeu stratégique majeur pour toutes les grandes métropoles.
Elle permet non seulement d’améliorer la fluidité de la circulation et la qualité de vie des citoyens, mais également d’accroître les recettes publiques.
Lors d’un séjour en Allemagne, j’ai eu l’occasion de visiter plusieurs villes telles que Francfort, Heidelberg et Mannheim. J’y ai observé des parkings modernes, bien organisés, qui ne sont pas de simples espaces de stationnement, mais de véritables sources de revenus stables pour les villes. Ces recettes servent notamment au financement des infrastructures urbaines.
Malheureusement, à Kinshasa, ce potentiel économique reste largement inexploité.
Le stationnement est devenu source de désordre, d’injustice et de perte de recettes publiques, là où il pourrait être un levier de développement et de bonne gouvernance.
II. Constat alarmant
Les parkings sont souvent gérés de manière informelle, soit par des postes de police, soit par des agents commis à la garde d’immeubles ou de résidences d’autorités. Les recettes générées échappent totalement au Trésor public ;
La Ville ne dispose d’aucun parking public officiel, alors même que les véhicules sont régulièrement enlevés pour « mauvais stationnement », causant humiliations, amendes détournées et parfois dégradations des véhicules ;
Les routes de Kinshasa ne respectent aucune norme urbanistique du fait, entre autres, de l’absence de parkings aménagés, d’arrêts de bus, de trottoirs et de pistes cyclables ;
Les prescriptions urbanistiques imposant la création d’espaces de stationnement lors de la construction d’immeubles sont souvent ignorées.
Ces dysfonctionnements entretiennent un climat de méfiance entre la population et ses dirigeants, tout en privant la ville de ressources indispensables à son développement.
III. Vers une politique moderne de stationnement
Monsieur le Gouverneur,
Il est urgent que la Ville-Province de Kinshasa adopte une politique moderne et intégrée de gestion des parkings reposant sur les axes suivants :
1. Mise en place d’un système de tarification adapté
Des tarifs différenciés selon les zones et la durée de stationnement peuvent être instaurés.
Les communes à forte affluence (Gombe, centre-ville, Grand Marché, Mont Fleury, Macampagne…) seront plus tarifées que les quartiers résidentiels.
Une tarification progressive (plus le temps est long, plus le prix augmente) encouragera la rotation des véhicules et optimisera l’utilisation des places.
2. Digitalisation du paiement et du contrôle
L’usage d’outils numériques (applications mobiles, bornes électroniques, QR codes) facilitera le paiement et réduira la fraude.
Des agents équipés de terminaux ou des caméras de lecture automatique des plaques d’immatriculation assureront un suivi rigoureux et transparent.
3. Partenariats public-privé (PPP)
La ville pourrait concéder la gestion de certains parkings à des opérateurs privés sous supervision publique.
Ce modèle garantirait une expertise technique, une maintenance régulière et une redevance stable au profit de la ville.
4. Création de parkings modernes et sécurisés
Investir dans des parkings à étages ou souterrains, notamment dans les zones saturées, permettrait d’augmenter la capacité de stationnement.
L’intégration de services tels que la vidéosurveillance, la sécurité renforcée et les bornes de recharge pour véhicules électriques valoriserait ces espaces.
5. Sensibilisation et communication
La réussite de cette réforme dépendra aussi d’une communication claire auprès des citoyens.
La tarification ne doit pas être perçue comme une taxe supplémentaire, mais comme un instrument de gestion intelligente du trafic et de financement des infrastructures urbaines (routes, éclairage, espaces verts…).
IV. Une opportunité économique majeure pour la Ville de Kinshasa
Selon les chiffres du Ministre provincial des Transports, la Ville-Province de Kinshasa compte près de six millions de véhicules et environ 400 000 motos-taxis, sans compter celles en situation irrégulière.
Ce potentiel représente une source considérable de recettes pour le trésor public si un système structuré de gestion est mis en place.
Avec plus de 17 millions d’habitants, les embouteillages monstres observés chaque jour à Kinshasa ne peuvent être efficacement réduits sans une politique de stationnement rationnelle.
La modernisation de la gestion des parkings contribuerait directement à la réduction des congestions, tout en générant des revenus pour financer d’autres projets urbains.

V. Conclusion
En modernisant la gestion des parkings, Kinshasa peut transformer une contrainte quotidienne en un levier de développement économique et social.
Cette réforme constituerait un signal fort de bonne gouvernance et de proximité avec les préoccupations réelles des Kinois.
Monsieur le Gouverneur,
Si vous portez ce projet avec la même détermination que celle démontrée dans les chantiers actuels, votre passage à la tête de la ville restera gravé dans la mémoire collective comme celui d’un bâtisseur visionnaire.
Nous restons disponibles pour en discuter avec vous et vos services afin d’envisager les modalités concrètes de mise en œuvre.
Veuillez agréer, Monsieur le Gouverneur, l’expression de ma très haute considération.