Elena Matundu: une certaine idée du leadership afro-féminin en Belgique
«Il y a, constate George Bernard Shaw, ceux qui regardent le monde tel qu’il est, et se demandent: pourquoi? Et ceux qui imaginent le monde tel qu’il n’a jamais été, et se demandent: pourquoi pas?» Et Elena Matundu doit appartenir à cette seconde catégorie. Formée en Marketing et en RP internationales, cette Belge d’origine congolaise née à Rome s’illustre de plus en plus par des initiatives de terrain au sein comme en dehors de la communauté africaine de Belgique. A la tête du Groupement des Femmes Africaines Inspirantes et Actives (GFAIA), l’asbl qu’elle a créée il y a douze ans, et qui a accompagné le célèbre gynécologue congolais, le Dr Denis Mukwege, jusqu’à sa consécration mondiale à Oslo, Elena Matundu compte à ce jour parmi les femmes les plus influentes de la diaspora africaine. Entretien avec une femme déterminée à faire avancer l’Humanité avec empathie.
– D’où est venue cette idée de lancer le GFAIA, et quel est but poursuivi par votre asbl?
Le GFAIA est une association qui s’emploie à assurer la promotion de la femme africaine au sein de la société dans laquelle elle évolue. C’est la détermination de vouloir me rendre utile au sein de ma communauté, auprès des femmes précisément, par le travail en collaboration avec des partenaires de choix, qui m’a motivée à créer l’association. Ensemble, faire face aux défis du monde d’aujourd’hui, partager les expériences, bâtir de nouveaux réseaux, bref devenir plus fortes ensemble!
– Très active dans les réseaux sociaux, vous menez en outre bien d’autres activités sur terrain dont vous allez nous parler très brièvement, mais comment faites-vous pour les concilier avec votre vie de famille?
Déjà, j’ai des grands enfants qui sont autonomes, d’où j’ai du temps libre pour me consacrer à mes passions. L’association prioritairement, avec toutes ses activités, notamment notre projet «The WAN», «The Women of the Afropolitan Network », qui est un concept de networking afro-féminin, dont le but est de mettre en avant la femme entrepreneur, en favorisant sa promotion, sa visibilité. Informer et guider la femme dans sa démarche à l’entrepreneuriat, via un réseautage bien ciblé. Enfin, depuis plus de 20 ans, je chante dans une chorale gospel, la « Chorale Allégresse», et nous nous produisons régulièrement dans des concerts, comme à l’occasion des mariages… –
– On vous voit très proche de l’hôpital Panzi de Bukavu, dans l’Est de la RD Congo, et de son médecin-directeur et Prix Nobel de la paix 2018, le Docteur Denis Mukwege, quel rôle jouez-vous ici?
En effet, je suis la coordinatrice du Comité de soutien officiel du Dr Denis Mukwege. Le GFAIA a en fait été un élément moteur dans sa nomination comme candidat au Prix Nobel de la Paix. Ainsi, le 5 octobre 2018 à Oslo, c’était l’aboutissement heureux du travail de plaidoyer, de lobbying mené depuis près de six ans, pour en arriver là, c’est-à-dire à la reconnaissance mondiale des mérites d’un digne fils du Congo. Aboutissement certes, mais aussi le point de départ d’un autre travail… Et depuis, nous avons développé cette branche qui se trouve être un comité ayant pour objectif de sensibiliser, informer, soutenir et coordonner toutes les actions et les entreprises menées par et pour le Dr Denis Mukwege, visant principalement à sensibiliser l’opinion internationale sur la tragédie des femmes dans l’Est du Congo. Aussi, j’ai l’immense honneur de pouvoir le représenter à travers le monde, en cas d’empêchement.
– Tout récemment, votre asbl a attiré l’attention collective, cette fois-ci, directement sur ces femmes victimes des violences sexuelles de la part des forces gouvernementales et des groupes armés opérant dans cette partie de la RDC, à travers une soirée bien originale où vos membres étaient tous habillés en pagne, quel en a été le principal message?
Il ne s’agissait pas d’une soirée, mais plutôt d’une campagne de solidarité qui reposait sur un shooting-photo réalisé par le célèbre photographe Jean Tsimanga. A l’occasion du mois de la Femme, en mars dernier, les membres du GFAIA ont tenu à exprimer solennellement leur soutien aux «Femmes les plus fortes du monde» de la «Cité de la Joie» de la Fondation Panzi de Bukavu. Et, nous leur avons rendu hommage en portant des tenues confectionnées avec les superwax de la collection «City of Joy» de Vlisco.
L’actualité aujourd’hui, c’est cette crise sanitaire mondiale, le GFAIA se contenterait-il d’être confiné, ou prévoit-il quelques actions?
En ce moment même, le GFAIA, en partenariat avec l’ONG Afia Santé regroupant des médecins congolais de la diaspora et de la RD Congo, organise une collecte de fonds dans le cadre de la riposte à la pandémie du covid-19, afin de venir en aide aux hôpitaux congolais, en leur fournissant du matériel nécessaire pour des soins de santé de qualité en faveur des populations locales.
Propos recueillis par Mosesglodiem