L’ex-chef rebelle congolais, Roger Lumbala récuse la justice française et quitte la salle
L'ancien chef rebelle Roger Lumbala à Kampala, en Ouganda en février 2013 (AFP)
Remettant en cause la compétence de la justice française à le juger, Roger Lumbala se soustrait de l’audience et annonce de ne plus y revenir, malgré que ce procès soit organisé au titre de la compétence universelle de la justice française.
Debout dans le box des accusés, l’ancien chef rebelle du Rassemblement congolais pour la démocratie nationale (RCD-N), Roger Lumbala, 67 ans, n’a pas mâché ses mots:
« Je considère la France comme incompétente pour me juger. Je considère la procédure inéquitable. Je récuse mes avocats », a-t-il déclaré, avant d’ajouter :
« Je refuse d’être représenté par un autre avocat. Je refuse de comparaître et je demande de me retirer de la salle d’audience et de ne plus y revenir ».
Un véritable coup de tonnerre qui a provoqué un silence dans la salle, désarmant d’arguments, Me Hugues Vigier, avocat commis à sa défense.
Reprenant une seconde fois, l’ancien ministre congolais et sénateur de l’opposition s’est montré plus dénonciateur dans ses propos, en ces termes :
« La cour est composée de français, les membres du jury, les avocats généraux, les greffiers. Je présente un seul congolais et vous le refusez. Vous n’avez jamais été au Congo, vous n’avez pas mené d’enquête en RDC. Vous me jugez de quoi?…(…)…Faites la justice comme vous le souhaitez, condamnez-moi comme vous le souhaitez, mais je ne veux pas participer à cette parodie de justice ».
Si pour Me Tshibangu Kalala son avocat congolais, « la contestation de la France par son client, est une stratégie de justice, pour Me Zeller, l’un des avocats de la défense, ce procès est « une justice néo-coloniale qui bafoue la souveraineté de la RDC ».
Toutefois, l’audience n’a pas été révoquée. Elle se poursuivra le jeudi 13 novembre 2025 avec le débat sur la légitimité de la France à juger Roger Lumbala pour les crimes commis à plus de 8000 km.
Rappelons que l’ex-chef rebelle est jugé pour des violences inouïes perpétrées sur des femmes, il y a plus de 20 ans, à l’Est de la RDC lors de la deuxième guerre d’agression intervenue entre 1998-2003.
Arnaud Kabeya
