Le gouvernement admet des morts, les institutions internationales déplorent la violence excessive

Vue d'une manifestation post-électorale à Garoua, province du Nord. Fief électoral du candidat malheureux Issa Tchiroma (France 24)

 

Après la répression violente des manifestations post-électorales, les autorités camerounaises ont reconnu, le mardi 28 octobre 2025, la mort d’hommes. Par ailleurs, l’Union européenne, l’Union africaine et autres organisations des droits de l’homme déplorent l’utilisation excessive de la violence par les forces de sécurité.

 

Alors que le calme du cimetière est observée dans les villes qui avaient été secouées, la veille, par des manifestations sporadiques, le gouvernement camerounais admet des morts et annonce des poursuites.

 

« Des manifestations illégales se sont soldées par des pertes en vies humaines et la destruction de biens publics et privés…(…)…Des scènes de pillages et de vandalisme ont également eu lieu à Douala, la capitale économique », a indiqué le Ministre de l’administration du territoire, Paul Atanga Nji qui a fustigé, à cet effet, « l’irresponsabilité » du candidat Issa Tchiroma Bakary, qui à l’en croire,  « devra répondre devra répondre devant les juridictions compétentes ».

 

Pendant ce temps, dans un communiqué publié le même jour, l’Union européenne déplore « la mort par arme à feu de plusieurs civils » et « souligne…(…)… l’importance de garantir la sécurité et l’intégrité physique de tous les acteurs politiques » de l’élection présidentielle.

 

Même son de cloche du côté de la commission de l’Union africaine. Elle appelle au « dialogue ». Tout en félicitant le président Biya pour sa réélection, elle se dit « vivement préoccupé par les violences, la répression et les arrestations signalées, des manifestants et des acteurs politiques, suite aux résultats de l’élection présidentielle.

 

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, pour sa part,  » appelle à la fin des violences et demande des enquêtes transparentes, après ces violences ».

 

Enfin dans un communiqué de presse, Illaria Allegrozzi, un analyste senior pour l’Afrique à Human Rights Watch a dénoncé, quant à elle, « l’usage excessif de la force » lors de la répression. Selon elle, « les forces de l’ordre devraient « protéger les gens » et « non alimenter les violences ».

 

Légitimité fragilisée 

Au regard des manifestations sporadiques enregistrées après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, certains observateurs de la scène politique camerounaise estiment que la légalité du président Biya reste à questionner.

 

« La légitimité du mandat de Paul Biya est fragilisée, car une grande partie de ses propres citoyens ne croient pas en sa victoire électorale « , a réagi Murithi Mutiga, responsable du Programme Afrique à l’international Crisis Group (ICG), en appelant par conséquent le président Biya « à engager de toute urgence une médiation nationale afin d’éviter une escalade supplémentaire ».

 

Le président Paul Biya, 92 ans, réélu pour un huitième mandat (Jeune Afrique)

 

 

C’est le lieu de souligner que le dirigeant camerounais réélu cette fois-ci avec 53,66%, avait été réélu en 2019, avec 71,2%. Toutefois l’histoire semble se répéter comme en cette année pour le 7ème mandat.

 

L’on se souvient que l’opposant Maurice Kamto, qui a vu sa candidature être invalidée cette année pour vice de procédure, était arrivé en deuxième position en 2019. Il avait été interpellé le 25 janvier 2020, après les manifestations post-électorales de l’époque. Il sera libéré 09 mois plus tard, après avoir purgé sa peine à la prison centrale de Yaoundé, avec quelques-uns de ses proches collaborateurs dont Albert Ndzongang et Christian Penda Ekoka.

 

Notons que les semaines à venir nous diront encore plus sur la situation politique de l’opposant Issa Tchiroma, qui, selon certaines sources fiables, reste inflexible, surtout après la fusillade survenue autour de sa résidence à Garoua, au nord du Cameroun. À en croire la BBC, plusieurs de ses partisans ont été tuées, à l’occasion.

Arnaud Kabeya 

 

 

 

 

 

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