Hermann Mbaki: « Plaidoyer pour l’accès au crédit des jeunes en RDC » (Lettre ouverte)

Mr. Hermann Mbaki, financier évoluant en RDC.

 

À Son Excellence Madame la Ministre de la Jeunesse, Grâce Kutino République Démocratique du Congo; 

 

Excellence,

Permettez-moi d’attirer votre haute attention sur une préoccupation majeure de la jeunesse congolaise, alors que vous venez de lancer les consultations nationales : la difficulté d’accès au financement bancaire pour la réalisation de plusieurs projets entrepreneuriaux.

 

Le développement d’une nation repose sur une logique simple : pas de développement sans commerce, pas de commerce sans crédit, et pas de crédit sans garanties.

Or, en République Démocratique du Congo, cette logique peine à s’appliquer pour plusieurs raisons : L’économie demeure largement dominée par le système du cash, limitant l’émergence d’un marché du crédit structuré.

Les banques pratiquent des taux d’intérêt très élevés (souvent entre 14 % et 25 % l’an), inabordables pour de jeunes entrepreneurs débutants. Les conditions d’octroi de crédits exigent des garanties matérielles (terrains, maisons, biens de valeur) dont la majorité des jeunes ne disposent pas.

Enfin, certains jeunes dénoncent des risques de spoliation de leurs idées et projets par certaines structures, ce qui accroît la méfiance et décourage l’initiative. Cette situation engendre un cercle vicieux : des jeunes porteurs de projets innovants abandonnent leurs ambitions faute de financement ; l’entrepreneuriat stagne ; et l’économie nationale reste prisonnière d’un modèle peu inclusif.

 

Déjà en 1957, lors d’un échange avec des étudiants chinois à Moscou, Mao Tsé-Toung rappelait : – nous devons faire comprendre à toute la jeunesse que notre pays est encore pauvre […] que c’est seulement par leurs efforts unis que la jeunesse et tout le peuple pourront créer, de leurs propres mains, un État prospère et puissant en l’espace de quelques dizaines d’années -.

 

Cette exhortation trouve aujourd’hui toute sa pertinence pour la jeunesse congolaise, appelée à bâtir l’avenir de la RDC. Excellence, afin de répondre à ce défi, nous plaidons pour que votre ministère, en collaboration avec les institutions publiques et privées concernées, engage des réformes et initiatives concrètes, notamment :

1. La création d’un Fonds National de Garantie pour la Jeunesse, destiné à couvrir une partie des risques liés aux crédits octroyés aux jeunes entrepreneurs.

2. La négociation avec les banques commerciales en vue de mettre en place des lignes de crédit spéciales pour la jeunesse, assorties de taux préférentiels et accessibles.

3. La mise en place de mécanismes de microcrédit accompagnés de formations en gestion, afin de renforcer les capacités des jeunes et assurer une bonne utilisation des fonds empruntés.

4. La protection juridique des projets soumis aux institutions financières, pour sécuriser les idées et prévenir toute spoliation.

Investir dans la jeunesse, c’est investir dans l’avenir de la RDC. Le potentiel est immense, les idées existent, mais elles nécessitent un environnement financier juste, inclusif et sécurisé.

 

Comme l’a affirmé Son Excellence le Chef de l’État, la volonté de faire émerger une génération de jeunes millionnaires passe nécessairement par le travail et l’entrepreneuriat.

C’est pourquoi nous sollicitons votre leadership afin que la jeunesse congolaise, reconnue comme « moteur du développement », ne demeure pas spectatrice, mais devienne actrice principale de la transformation économique du pays.

 

Veuillez agréer, Excellence, l’expression de notre très haute considération.

Mr. Hermann Mbaki
Le Financier

 

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