Guerre à l’Est: le Conseil de sécurité de l’ONU entre inertie et inefficacité

Photo d'archives de la Ministre des affaires étrangères (RDC), Thérèse Kwayikwamba Wagner (UNnews).

 

Plus de 50 jours après l’adoption de la résolution 2773 par le conseil de sécurité des Nations-Unies ainsi que d’autres pressions diplomatiques, les combats persistent, les droits fondamentaux et les lois internationales violées. La diplomatie en passe de prouver ses limites face aux armes, alors que la communauté internationale estime qu’il n’y a aucune solution militaire à envisager mettre un terme à ce conflit qui a déjà causé des milliers de morts.

 

Le constat qui a été fait à la réunion du conseil de sécurité tenue le mercredi 16 avril 2025 sur la situation à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est désastreuse, d’après les interventions des participants.

La RDC par la voix de sa ministre des affaires étrangères, Thérèse Kwayikwamba Wagner a dénoncé l’inaction de l’ONU face à la persistance des violations par la coalition AFC-M23 soutenue par le Rwanda, en dépit de l’existence de la résolution 2773.

« Depuis l’adoption de la résolution 2773, 54 jours se sont écoulés, marqués par l’attente, l’inertie et la poursuite des violences. Sur le terrain, rien n’a changé », a déploré la cheffe de la diplomatie congolaise.

Violation ouverte de la résolution onusienne

Évoquant les multiples exécutions sommaires, enrôlements forcés, enlèvements et graves atteintes aux droits humains, Mme Wagner a décrit une situation alarmante de ce qu’elle qualifie de « violation ouverte de la résolution onusienne » et a insisté sur des mesures concrètes et de mécanismes de vérification renforcés de la Monusco et le groupe d’experts de l’ONU.

« Une décision du conseil de sécurité ne peut rester sans suite, en particulier lorsqu’elle est ouvertement violée par un état qui contribue pourtant aux opérations de maintien de paix », a-t-elle fait observer.

Dans un lexique adapté aux supplices subies par les populations de l’Est du Congo, elle a rappelé au conseil de sécurité qu’il était plus que temps d’agir.

Le temps d’agir? Certainement. C’est que pense la directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russel, qui a décrit ce qui se passe à l’Est comme « un cauchemar de violences horribles » à travers les déplacements forcés et les violences sexuelles.

« Les déplacements forcés ont explosé, avec plus de 400.000 enfants chassés de chez eux depuis janvier. Dans les camps des réfugiés surpeuplés, la rougeole et le choléra menacent. Un enfant est violé toutes les tentes, lors de pires moments », a-t-elle indiqué exaspérée.

 

Photo d’archives de Catherine Russel, directrice exécutive de l’Unicef (UNnews).

 

Même son de cloche du côté de l’envoyé spécial des Nations-Unies pour les grands lacs, Huang Xia. Ce dernier a eu des mots justes pour ces spectacles de déshumanisation dans les zones occupées mais surtout pour condamner les motivations qui se cachent derrière.

 » Malgré les injonctions du conseil de sécurité et des organisations régionales et sous régionales, malgré les mesures restrictives et les sanctions prises, les combats se prolongent », a-t-il déploré.

Et de faire remarquer:

« Ce que nous observons, c’est une compétition d’ambitions politiques et de sécurité, entretenues par l’exploitation illégale des ressources… ».

Il convient de rappeler que pendant ce temps, les discussions tardent à reprendre véritablement, partagées entre Doha et Lomé. Sur le terrain, « la nébuleuse de la mort » à l’Est renforce ses positions aux environs de la ville d’Uvira au Sud-Kivu. Ce qui fait penser à une autre offensive en préparation.

Wait and see!

                                            Arnaud Kabeya

About The Author